your story never ends.

La nuit venait de tomber sur Midtown, il fait froid, vachement froid. Et comme un ignare, j’ai oublié de m’habiller convenablement par une nuit hivernale. Par moment, je me demandais si je n’étais pas atteint d’une quelconque maladie qui me rendrait plus c*n que la moyenne. Pas d’écharpe, pas de gang, juste une simple veste qui recouvre mon t-shirt. Si d’ici une bonne petite dizaine de minutes, je marche encore, je pourrais songer à partir en Alaska et y habiter. Fin tout ça pour dire qu’il faisait un froid de canard, et que je commence à me les geler sérieusement. Mais je ne peux pas penser un seul instant à m’arrêter, je suis déjà à la bourre pour me rendez-vous. C’est certain, la nana va m’étrangler sur place, moi qui pensais prendre du bon temps ce soir ; cette pensée était loin d’être réalisable à ce moment, je partais déjà avec un handicape. Je regardai pour énième fois ma montre, vingt-et-un heure et dix minutes. Bon, si je fais bien les comptes, je suis en retard de seulement une petite vingtaine de minutes, ce n’est pas non plus la mort. En espérant qu’elle est au moins pensée à m’attendre à l’intérieur du bâtiment plutôt que dehors, si elle attrape froid ce ne sera pas mon problème. Chacun ses difficultés, et moi, j’en avais déjà une dans les parages. En effet, je venais de m’engouffrer dans une petite ruelle, particulièrement sombre dont aucun éclairage apparent, n’était assez puissant pour illuminer et par la même occasion m’aider, à travers mon passage sur les dalles complètement amochées. Alors que je pouvais percevoir la fin de mon calvaire à l’angle de l’intersection de la rue, la sonnerie de mon portable se mit subitement en marche haussant toutes les deux secondes le volume. D’un geste gauche, après avoir plongé ma main droite dans la poche avant de mon jean pour y soutirer mon cellulaire, celui-ci me glissa des mains. Contrairement à mon habitude, je réagis assez vite du moins, peut-être pas de la bonne manière si j’y repense. Je gesticule dans tous les sens, essayant de le rattraper durant sa chute. Je pense que si une personne était présente lors de cette scène, elle risquerait fortement de se foutre de ma tête. Puis, dans un ras le bol, je fis –malencontreusement- un trop grand geste avec l’un de mes bras qui s’en alla percuter ce foutu appareil de plein fouet. Tout d’abord, je restais cloitrer à ma place, les yeux ronds, brillants et la bouche grande ouverte. J’étais béat d’admiration finalement, et une seule pensée me traversa l’esprit. « Puta*in, dingue le vol ! » Oui, j’ai toujours eu un esprit dérisoire, qui prend vraiment tout à la légère. Comment ? Mon portable est par terre, complètement détruit suite à la collision qui vient de subir face à un mur ? Tant pis, demain, je me bouge en acheter un autre, là n’est pas le problème. Au pire, Jude me passera le sien, du moins, je n’aurai pas besoin de son accord pour le lui emprunter. Je sais pertinemment que ça la mettra en rage, raison de plus donc. J’avance silencieusement vers le lieu du crime, m'accroupie pour ramasser la carcasse de mon engin électronique, prenant soin de mettre en sécurité la carte SIM. Non, je n’étais pas aussi insouciant ; j’avais encore besoin de ce petit bout de plastique. Une fois cette étape passée, je me relève quand même peu fière puis finis par m’en aller, m’éloignant de ce triste souvenir. Fourrant mes mains bien au chaud dans les poches de mon pantalon, le vent glacé me revivifiait à chacun de mes pas malgré le fait, que je commençai à avoir le corps quelque peu engourdi ; c’était antinomique me diriez-vous mais plausible apparemment. Tête baissée, j’avançai dans le brouillard évitant quelconque obstacle s’immisçant dans mon passage. Finalement, ce qui me débloqua l’esprit, ce fut comme des gémissements d’appels à l’aide que j’entendis non loin d’où je me trouvais. Ma première réaction fut d'haussé les épaules, je n’ai pas le temps pour m’arrêter ; vous comprenez ? Puis ma deuxième fut d’aller voir. J’approche discrètement, et aperçut deux silhouettes difformes qui prirent vite forme d’un homme accompagné d’une femme. L’un empoignait l’autre, je compris –pour une fois- rapidement la situation. « Un problème ? » Bonjour la question inutile, je savais très bien qu’il y avait un problème quelque part. C’est vrai quoi, ce n’est pas très fréquent qu’on retrouve une damoiselle, assez amochée par l’alcool, se faisant bloquer dans une ruelle sombre et qui soit en accord avec les grossières avances d’un gros lard ivrogne. Oui, il y avait un problème et comme à mon habitude, je me trouve sur le lieu du crime. « Ca…cacasse-toi ! » J’arque un sourcil, c’est à moi qu’il parlait ? J’avais peine à le croire, mais apparemment c’est bien à moi ; même s’il regardait dans le sens contraire d’où je me trouvais. L’alcool et l’orientation, ça ne fait pas bon ménage. Je m’approche d’un pas tranquille, je ne peux dévisager le visage de la jeune femme qui demandait de l’aide, il fait bien trop noir. Cependant, celui de l’emmerdeur, je l’avais encadré du premier coup d’œil malheureusement. « Vous voulez peut-être que je vous laisse terminer votre activité ? » Bizarrement, je m’attends à réponse positive ce qui était fort compréhensible. « Ou… » Durant les quelques secondes qui s’étaient écoulés entre ma question et sa réponse, je m’étais joint au duo, collant presque l’homme. Puis, lorsque je senti un souffle chaud, et peu recommandable à l’odeur, arrivé dans mon visage, je lève mon poing presque machinalement, avant de l’écraser dans la face du pauvre type. Complètement sou, il vacille, sous mes yeux, un instant avant de s’écraser au sol, presque raide mort. Puta*n ! Je ne l’ai pas raté celui-là, c’est certain. Demain, il allait se réveiller avec un gros coquart en plus d’un atroce mal de tête ; merci qui ? Successivement, je pose mon regard bleuté vers la victime dont le visage se fit éclairer par les doux rayons de la lune, qui venait à mon aide. J’eue comme un étouffement en l’apercevant, à présent, cela ne m’étonnait guère que ce chère monsieur avait essayé de tenter son coup. Une brune, fine et gracieuse se postait devant moi, son regard presque livide me fixe. Je tressaillis peut-être en partie à cause de ce froid qui continuait d’agir sur mes membres. Or, je ne pouvais nier que cette prunelle ne me laissait pas indifférent, au contraire. Elle dégage tant de mystère, cela m’intrigue, cette demoiselle m’intrigue grandement retenant toute mon attention. D’un geste furtif, j’ose lui effleurer l’avant-bras. Je ne sais pas pourquoi, mais son geste de recule de peur ne m’étonna pas. « Vous venez d’où comme ça ? » Elle était ivre et certainement perdu, tant pis pour mon rendez-vous de ce soir, il y a des choses plus importantes qui m’attendent maintenant.