Je suis né ; on m'a oublié. J'avais une mère comme tout le monde, mais on la disait infectée mentalement. On lui a pourtant donné ma garde, malgré plusieurs avertissements des membres de ma famille qui m'est inconnue aujourd'hui. À peine nous étions sortis de l'hôpital, moi âgé de quelques jours et ma mère une pauvre jeune folle de seulement vingt ans, je remarquais que je n'avais pas de maison. Enfin, j'en avais une, mais c'était une boîte qui me servait de toit, avec quelques couvertures pour s'assurer que je ne décède pas pendant la nuit. L'odeur me lève encore le coeur ; une odeur d'urine, de moisie et surtout de rats morts non loin d'où j'étais. Personne n'avait le droit de venir nous visiter ; ma mère perdrait l'argent qu'elle recevait pour ma garde et ainsi, elle ne pourrait plus fumer en quantité industrielle la drogue qu'elle achetait. J'étais une source de revenue ; rien d'autre. Mais bon, ce n'est pas pour autant que l'un de mes oncles s'est empêché de fouiller tout le quartier afin de me retrouver. J'étais rendu à deux ans ; c'est là que tout s'est empiré. Mon oncle et sa femme m'ont retrouvé, gissant sur le sol, affamé comme si je n'avais pas mangé depuis des semaines ; enfin, ce n'était pas le cas, j'avais mangé il y avait 5 jours. Une bonne galette de riz. C'était un luxe de manger cela, voir même une récompense pour je ne sais quoi. Je m'étais habitué ainsi de manger des petits biscuits, qui pour moi étaient d'un goût tout simplement parfait. Alors, ils m'ont récupéré, m'ont soigneusement ramenés chez eux, mais semblerait-il que ma mère n'avait aucunement dit son dernier mot. Deux semaines plus tard elle s'est pointée chez mon oncle, me prenant de force, avec un flingue dans l'une de ses mains, les yeux rouges parce qu'elle n'était pas vraiment dans tous ses états. C'est ainsi que je me suis retrouvé au point de départ. Certes, c'était devenu bien pire pour ma mère ; la police la recherchait et elle, croyait que je ne méritais pas d'avoir une vie de rêve. Elle m'a donc rasé complètement la tête, difficile pour ma famille de me reconnaître et ainsi donné à un vrai fou. Je vivais donc à nouveau dans une boîte, apprenant ainsi que ma mère s'était suicidée un an plus tard à cause qu'elle ne trouvait plus d'argent pour consommer. Je crois que j'étais réconforté de savoir que je ne la reverrais plus jamais ; oui, j'étais devenu un sans coeur d'après certains, mais n'oubliez pas que j'étais encore tout jeune ! J'ai passé les dix premières années de ma vie à vouloir changé .. à êtreaimé par tout le monde. J'allais à l'école grâce à un homme mystérieux qui m'avait envoyé de l'argent pendant un été, mais il me l'avait donné personnellement à moi. J'avais donc su comment économiser pour pouvoir manger un peu tous les jours. J'étais le petit rejet de l'école, simplement parce que je sentais mauvais et que je n'avais pas de beaux vêtements. Et puis, comme chaque petit garçon, j'avais d'yeux que pour une petite fille, mais elle était beaucoup plus populaire que moi. J'avais donc laissé tomber.

Les années continuèrent à passer, restant longtemps le souffre douleur de tous les autres, jusqu'à ce que l'homme mystérieux revienne me voir. J'avais maintenant quatorze ans et c'est à ce moment-là que j'eus le droit d'avoir pleins de cadeaux de sa part. Des vêtements, des friandises, de l'argent ... et même ma première voiture dès mes dix-sept ans. Là je faisais enfin parti de la classe des populaires, et c'est à ce moment que je décidai de me louer un appartement, ainsi que de continuer mes études même si j'avais toujours des cours a l'école. Et puis, vint le moment de tomber en amour .. mouais, le sentiment qui fini tous par nous tuer un jour, à nous détruire jusqu'à nous faire rester que poussière. Elle s'appellait Lexie. Un ange ; ou plutôt ce que je pensais d'elle. J'avais rapidement décidé de me l'approprier puisque en quelques jours seulement, j'étais tombé fou amoureux d'elle. Un vrai poison cette femme. Elle était subitement tombée sous mon charme. Donc, nous étions ensemble depuis maintenant deux bonnes années, de pure bonheur, sans oublier les malheurs qui accompagnaient tout cela. Mon meilleur ami Prytton, était venu me voir un bon matin, m'avouant qu'il était légèrement troublé de voir a quel point j'étais amoureux de cette demoiselle. Je savais qu'il se passait quelque chose, mais même si nous étions assis respectivement à notre place dans le cour, je devais savoir ce qu'il se passait. C'est la qu'il décida de prendre la parole.

PRYTTON ; « Tu sais que j't'aime mec !? »
LANE ; « Bah ouais .. j'le sais ! Pourquoi tu me dis ça là .. maintenant !? »
PRYTTON ; « J'ai .. je dois t'avouer quelque chose .. Tu sais, Lexie et bien .. ça fait deux ans que nous couchons ensemble .. Et de voir comment tu l'aimes et bien, ça me détruit. Mais ce n'était pas par amour ! C'était simplement qu'elle aimait le sens de l'interdit .. J'espère que tu m'en veux pas mec ... »

Je ne répliquai même pas à ça puisque je m'effondrai tout de suite de ma chaise. Cette révélation, c'était comme si je venais de recevoir un TGV en pleine face. Ca me fit très mal, et cela ouvrit dans ma chair le plus beau des néants. Je me senti vide, lavé de tout sentiment, de l'envie de faire confiance et si l'Humain m'avait semblé idiot mais pas irrattrapable, que je pensais que la vie que je construisais était le plus beau des cadeaux et que ça sauvait mon enfance minable, c'était seulement parce que mon amour noyait ma raison. Désormais j'étais libre. Et la liberté n'est pas systématiquement jolie à voir. Il m'avait fallu plusieurs minutes pour que je revienne en possesion de mes moyens. Mon regard noir se releva sur Prytton, qui en avait presque les larmes aux yeux, et je me dirigeai vers la sortie de la classe, une larme coulante sur ma joue. J'avais sagement attendu la pause, jusqu'à ce que j'aperçoive Lexie et que je prenne automatiquement la parole.

LANE ; «Lexie .. est-ce que tu m'aimes ? »
LEXIE ; « Je .. »
LANE ; «Tu aimes Prytton. »
LEXIE ; «Mais .. j'ai essayé de t'aimer Lane .. »

Je me rappelle qu'elle éclata en sanglot, me suppliant de la laisser s'expliquer. Je lui jetai un dernier coup d'oeil, m'enfuyant rapidement de celle qui m'avait trompé, de celle en qui j'avais cru qu'un nouvel espoir d'une vie meilleure était en elle. Je m'étais trompé. Dites-vous que depuis ce jour, la vie n'est rien. La vie a tout simplement oublié de me donner un sens.