On croit être maître de son destin, mais c'est toujours lui qui nous mène. La semaine qui venait de s'écouler avait été littéralement éprouvante pour notre brunet. De plus, le désespoir dans lequel l'avait plongé cette journée, avait au moins eu le mérite de lui ouvrir les yeux sur une réalité désolante: peut importe d'où on vient, ce qu'on fait de sa vie et comment on la réussie matériellement, il n'y a rien qui ne puisse remplacer le manque d'un être chère. Lui, cas particulier, avait depuis sa naissance un don unique pour se sentir abandonné en permanence et sans raisons, Il avait ceci-dit appris à vivre avec, ou plus exactement sans, comblant le manque avec de l'acharnement dans son travail, les sorties et la gente féminine. Assit sur le rebord glacé, Chance fumait un bat, en compagnie de sa bande, dont l'odeur se dispersait dans l'air. Une légère brise murmurait à l'extérieur et s'engouffra dans l'appartement, se frayant un passage par la fenêtre mi-ouverte. Le jeune homme dont la fatigue se lisait sur son visage au trait dur, échappa une volute de fumée de ses lèvres entrouvertes. Il rabattit de sa main gauche sa chemise, qui seul couvrait son torse. Il aimait ces moments où tous lui semblait être hors du temps, de son existence sans le moindre but. Faisant tourner le joint à son partenaire de droite, Chance colla son front contre le mur blanc, laissant échapper un soupire. Chaque jeune présent se trouvait tous dans un état second, où la drogue prenait de plus en plus le dessus sur leur conscience. Son regard qui naviguait en premier temps dans le vide, se posa subitement sur le cinéma d'en face. Comme subjugué par cet endroit, qui se révélait être une passion aux yeux du brunet, provoqua en lui un désir certain.

CHANCE ; « Un cinéma, ça vous tente les gars ? » demanda t-il subitement, rompant ainsi ce silence pesant.

MICKAEL ; « C'est une blague ? » répondit le possesseur du bédo.

CHANCE ; « Non. En quoi serait ce une blague ? » interpella t-il, mi surprit de cette réaction.

MICKAEL ; « Depuis quand tu veux aller au cinéma lorsqu'on se prend ça ? » contredit-il aussitôt.

CHANCE ; « Mais vas y cherche pas là ! … Je me casse . » termina t-il, presque excédé du comportement de son ami.

Par la suite, Chance intercepta le bat puis écrasa le mégot contre le rebord de la fenêtre, avant de le lâcher dans le vide. D'un sourire satisfait, il s'en alla sous le regard étonné de ses compagnons. Il avait horreur qu'on prenne ses idées pour de la mouscaille. Enfilant sa veste en cuir noir, le brunet claqua la porte derrière lui, vexé. Pour dire vrai, lorsqu'on s'attaquait à l'une de ses passions, il montait vite en pression. Le jeune homme descendit les marches une par une, mais rapidement, pour finalement se retrouver à l'extérieur du bâtiment, un bonnet sur la tête et les mains dans les poches. Au contact du froid sur sa peau chaude, un frisson le parcourut de long en large. C'était tout de même le soir, il ne faisait pas si chaud que ça malgré son blouson. Arrivé à hauteur de la foule, Chance se mit sur la pointe des pieds pour voir, à peu près, si la file d'attente était longue. Bien vite, il s'aperçut que oui, ce qui le découragea légèrement. Levant son regard noisette vers le ciel, il prit la décision de quitter cette foule pour revenir un peu plus tard dans la soirée ou alors demain. Se frottant les mains pour se réchauffer un minimum, il se faufila entre les personnes pour revenir au milieu de la rue. Toutefois, dans la suite, des grondements au sein du rassemblement retint son attention.

INCONNUE ; « Si vous ne pouvez pas payer, partez Mademoiselle ! » cria une bonne femme sans pitier.

Frottant son menton d'un air pensif, Chance essaya de comprendre tant bien que mal la situation. Qui ne pouvait pas payer ? Et surtout, où se trouvait elle ? C'est alors qu'il put percevoir près du guichet, une main qui passa dans une chevelure blonde, comme un signe d'anxiété. Affichant un large sourire confiant, le jeune homme se lança à corps perdu dans la bataille. Poussant puis s'excusant auprès des gens, il réussit à atteindre son objectif mais avec difficulté.

CHANCE ; « Voyons, sois cool man ! … et puis je vais payer pour elle. » revendiqua t-il fortement

HOMME ; « Tiens mais qui voilà, le fameux Chance. Tu savais que tu me dois de l'argent depuis bien longtemps et que tu as été ... » répondit l'homme du guichet avant d'être couper dans son élan.

CHANCE ; « Eh mais je croyais que cette histoire était du passé. En plus, tu sais très bien que la baston, ce n'était en aucun cas de ma faute. C'est l'autre là qui m'a provoqué ouvertement, tu le sais ! » riposta t-il, blasé de l'argument employer par son ami.

HOMME ; « Aujourd'hui, je ne m'en souviens plus ; en ce moment ma mémoire me fait défaillance. Alors maintenant, c'est soit la madame paye, soit vous déguerpissez et vite. » trancha t-il excéder.

CHANCE ; « Ok, ok ; le prend pas comme ça man. » conclut-il. « Désolé mais je crois que de mon côté, c'est mort. C'est bizarre, d'habitude il est plus sympathique, je comprend pas lady. » reprit-il en destination de la jeune femme.

Bon, Chance n'avait pas forcément amélioré la situation et l'avait sans doute empiré mais, il avait essayé de rendre service ; la jeune blonde n'allait pas lui en vouloir pour ça, quoique, ça reste à prouver. Haussant les épaules, le brunet afficha un petit sourire, timide. Pour une fois qu'il aurait pu avoir un bon plan avec une charmante demoiselle, fallait que monsieur cinéma ne veuille pas lui rendre service. Vie de merde, oui, c'était le cas de le dire.